Vendeuil possédait autrefois une Mairie héréditaire. C'était en quelque sorte, à l'origine, une espèce de fief donné par les anciens seigneurs de Vendeuil à un de leurs serviteurs, qui l'avait, par ses actes de courage et son dévouement à son maître.
Il est impossible de fixer une date à cette donation. On peut sans risquer d'erreur, la faire remonter à l'époque féodale : peut-être même lui est-elle antérieure.
En quoi consistait cette dignité ? le Maire héréditaire avait droit de basse et moyenne justice. En ce qui concerne le basse justice, il connaissait des vets et devets, percevait le tiers des droits qui en échéaient et le tiers des amendes qui s'adjugeaient pour le prix des bestiaux faisant dommage sur le terroir. Il possédait également des droits tels que la taille des mesures, la correction, l'amende, le forage etc.
La moyenne justice comprenait : la correction, la prison, la prise des batteurs et des malfaiteurs si le cas n'était criminel etc. Le Maire héréditaire avait d'autres avantages : Le châtelain était tenu de lui donner chaque année à Pâques, à Noël et aux autres grandes fêtes, une écuelle de mets servis au château ce jour-là.
Le Maire héréditaire consentit à renoncer à ce droit à condition que la redevance de soixante sous parisis qu'il devait payer au seigneur soit réduite de vingt-quatre sous parisis. De plus, il était dispensé de la fourniture de sel pour les salaisons. Dans un dénombrement fourni au rois Louis XIII en 1633, par Monseigneur César, Duc de Vendôme, il est fait mention des droits afférents à la Mairie héréditaire de Vendeuil, des impôts perçus en nature et en espèces. Une des charges du Maire héréditaire était celle de vérificateur des rôles et états pour la distribution du sel, charge rétribuée et qui garantissait certains droits à son possesseur consenti tout d'abord à titre précaire, elle devint permanente sous Charles V. Le sel était alors entreposé dans des greniers à sel, chaque grenier étant administré par un grainetier. En 1757 Charles Quenot, Maire depuis 1740 eut à soutenir un procès que lui intentèrent certains de ses administrés. Ses adversaires allèrent jusqu'à mettre en doute sa qualité de Maire héréditaire. Cette rébellion, plus de trente ans avant la révolution est caractéristique de l'évolution de l'opinion à cette époque. Le procès dura plus d'un an. Il se termina par la condamnation des adversaires de Quenot, mais celui-ci dut supporter la moitié des frais. Le Maire héréditaire était aidé dans son administration par deux échevins (l'un d'eux nommé par lui, l'autre par les habitants) et un syndic.
Les échevins avaient la direction de la police et s'occupaient des affaires générales de la commune. Leur charge n'était pas non plus sans profit. Ils partageaient avec le Maire héréditaire certains revenus de sa charge. Le syndic était chargé particulièrement des intérêts de la commune. cette charge était perpétuelle, mais pouvait se vendre avec l'autorisation de l'intendant de la généralité de Soissons. Celui qui la possédait prenait le titre de syndic héréditaire du roi ; il jouissait de nombreux privilèges; l'exemption de logement, de feux, de vivre, de coucher, hôtelier, curatelle, nomination à ycelle, corvée, guet de garde, et autres charges publiques, à la solidité pour le paiement de la taille, du service de la milice, de l'exemption desquels services ses enfants jouissaient également.
Le grainetier vendait le sel aux marchands en gros qui alimentaient les détaillants, appelés Regrattiers. Ces marchands pouvaient aussi le revendre directement aux consommateurs. L'étalon choisi pour les transactions était le muids de Paris. Le Maire héréditaire s'entendait avec le grainetier pour le profit de sa charge de vérificateur particulier des rôles, pour la distribution du sel dans Vendeuil. L'impôt de la gabelle pesait lourdement sur les paysans et, malgré leur désir, ils ne pouvaient diminuer leur consommation, car les ordres étaient formels : chaque famille devait renouveler sa provision tous les trois mois. Le maire héréditaire surveillait de près les fraudes possibles et ne se faisait aucun scrupule de les signaler aux agents de la gabelle.
Les paysans supportèrent de plus en plus difficilement cette surveillance intéressée toutes les vexations qui en résultaient. Aussi le Maire héréditaire dut-il aliéner sa charge de vérificateur de la gabelle le 14 octobre 1708 à Henry le Moyne, pour 280 livres, ce qui était pour l'époque un honnête profit. Les agissements du Maire héréditaire de Vendeuil créèrent chez les habitants une hostilité de plus en plus marquée contre lui. Aucune décision n'était prise, aucune ordonnance n'était publiée sans qu'elle ait reçu son assentiment préalable. Sa volonté restait toute puissante. La Mairie de Vendeuil resta héréditaire jusqu'à la Révolution. Le décret l'abolissant fut lu à Vendeuil le 19 janvier 1790. Ainsi disparut dans ce village Picard un des derniers vestiges du régime féodal.
La Commune était administrée par le Maire Héréditaire, les deux échevins et le syndic. Les échevins avaient la direction de la police et des affaires générales de la Commune. Leur charge n'était pas non plus sans profit. Ils partageaient avec le Maire certains revenus de sa charge.
En 1576, le Lieutenant du Maire et l'échevin prirent part à Saint-Quentin à la nomination des députés des Etats-Généraux de Blois pour le baillage du Vermandois.
Le représentant nommé par les gentilshommes de la religion catholique fut noble homme François, seigneur de Pommery.
Maire héréditaire, échevins et syndic étaient assistés d'un conseil électif que l'on nommé conseil général de la Commune : il n'était appelé que dans les circonstances importantes. D'ailleurs tous ces gens avaient au-dessus d'eux le bailli de la châtellerie qui était souvent seul maître. Les questions soumises aux délibérations étaient discutées à l'avance et résolues à la volonté du bailli. En général, les communes avaient le droit de guerre, c'est-à-dire, qu'elles pouvaient défendre par les armes leurs intérêts compromis. Vendeuil usa plusieurs fois de ce droit, ses archers et ses arquebusiers firent maintes fois leur devoir au temps des invasions espagnoles.
Il existait autrefois à Vendeuil une maladrerie ou léproserie : c'était un hôpital destiné aux lépreux. Un certificat portant la date du 19 août 1693 qui existait dans les archives de l'hôtel-Dieu attestait l'existence de la maladrerie.
cet établissement était situé à l'extrémité sud du village sur le chemin du Bourguet qui conduit à Travecy. Il serait difficile d'indiquer l'origine exacte de cette maladrerie, cependant elle ne devait pas remonter au delà du XIIème siècle, époque de la fondation de ces sortes d'hôpitaux.
Ce fut au retour des croisades que la lèpre apparut en France; elle fut rapportée par les croisés et se répandit d'une manière effrayante. Les lépreux étaient traités à Vendeuil comme ils l'étaient partout : objets de répulsion pour tous, sitôt qu'ils étaient reconnus malades, on les enfermait dans la maladrerie après avoir chantés sur eux l'office des morts qu'ils écoutaient, revêtus d'une robe noire et placés entre deux tréteaux pour figurer un cercueil. La maladrerie de Vendeuil jouissait de divers droits et exemptions, entre autres de la franchise de vinage pour ses vins et ne payait pas la dîme. Ses biens assez considérables, ne devaient que quelques livres de cens chaque année, qui étaient payables au seigneur.
Il est profitable que la plus grande partie de ces biens provenaient du seigneur. Par un édit du 7 février 1695, Louis XIV supprima la maladrerie et réunit ses biens à ceux de l'hôtel-Dieu. En vertu de cet arrêt les bâtiments de la maladrerie qui tombait en ruines furent jetés bas.
Pour en perpétuer la mémoire, les habitants érigèrent, au lieu ou s'élevait ces constructions, un calvaire qui fut détruit lors de la Révolution. Un autre calvaire fut édifié à cet endroit en 1804.
Les établissements hospitaliers sont d'origine purement chrétienne.
Toutefois, ils ne commencèrent à se développer qu'après le règne de Constantin, quand le triomphe du Christianisme fut définitivement assuré et n'étaient tout d'abord destinés qu'à recevoir des pèlerins.
On ne peut assigner de date à la construction de l'hôtel-Dieu de Vendeuil.
Un édit de Louis XIV semble indiquer sa fondation en l'année 1695; il est probable qu'il s'agissait alors que d'une reconstruction, le précédent établissement ayant était détruit au moment de l'invasion de notre pays par les Espagnols en 1674. En 1702, l'hôtel-Dieu n'était pas encore réédifié puisque cette année-là Monseigneur Claude Maur D'Aubigne, évêque et Comte de Soissons, pair de France, en visite à Vendeuil, ordonnait de rétablir incessamment l'hôtel-Dieu pour secourir les pauvres malades suivant l'intention du roi, et d'établir les comptes de la maladrerie pour savoir à quoi il se montent, comment ils ont été employés et de nommer plusieurs notables du pays pour administrer l'hôtel-Dieu et la maladrerie.
Le 24 septembre 1704, fut loué un terrain proche de l'église pour établir l'hôtel-Dieu.
Des reconstructions et des améliorations ont été faites à diverses époques; il ne restait plus en 1899 des anciennes constructions, qu'une cave très profonde allant sous l'église, la salle de délibérations du conseil d'administration et la cuisine.
Au-dessus de la porte d'entrée se trouvait une niche avec une statue et on lisait au-dessous : "SALUS INFIRMORUM.1712"
Plus tard ces constructions ont été rasées et remplacées par des nouvelles. La cave allant sous l'église à été comblée sans que l'on ait songé à y faire pratiquer des fouilles.
La première femme qui dirigea l'hôtel-Dieu d'une manière constante fut Marie Leclerc qui abandonna tous ses biens à l'établissement. Les biens de l'hôtel-Dieu provenant de la maladrerie étaient en terres et près de 14 ha.50A. La première chapelle attenante fut construite en 1748. Au-dessus de la porte d'entrée on lisait : "DOMUS DEIS et PORTA COELI 1748"
A la Révolution les biens de l'hôtel-Dieu deviennent biens nationaux, la nation devant accorder des secours pour le fonctionnement de cet établissement. Détruit pendant la guerre de 1914-1918 comme toutes les maisons du village, l'hôtel-dieu fut reconstruit hors du village sur un terrain offert par M Carette alors Maire. Cette donation fut acceptée par le Conseil Municipal après de longues discussions à condition que le terrain désaffecté ne revint pas à M. Carette, mais resta propriété de la Commune. La reconstruction se fit longtemps attendre et M.Carette étant mort, tout fut remis en question. Finalement, sur ordre du préfet, l'hôtel-Dieu fut reconstruit sur le terrain offert. C'est un bel établissement conçu d'une façon toute moderne.
Le prieuré qui existait à Vendeuil avant la Révolution et qui portait le nom de prieuré de Saint Jean-Baptiste fut fondé par les moines de l'Abbaye de Saint-Vincent à Laon, en 1088. Il demeura cent cinquante ans sans conventualité. Il fut sécularisé en 1338 et fut plus tard réuni à la manse conventuelle de l'Abbaye de Saint-Eloi de Noyon par échange fait avec l'abbaye de Saint-Vincent de Laon pour d'autres biens. Les revenus du prieuré étaient à l'origine de deux mille livres de rente et les charges étaient de trois messes basses par semaine.
Le couvent du prieuré se trouvait à côté et au nord de l'église; il occupait tout l'espace s'étendant de l'ancien cimetière jusqu'au bord des "falaises" (qui était la grande route se dirigeant vers Moy).
Au 18ème siècle les biens du prieuré étaient très importants et s'étendaient, outre vendeuil, sur les terroirs d'Alaincourt, de Berthenicourt, de Rémigny, de Travecy et de Montigny. Le prieuré de Saint Jean-Baptiste de Vendeuil disparut à la Révolution, ses biens furent confisqués au profit de la nation et vendus au district de saint-Quentin.
Bien avant la Révolution, des maîtres et des maîtresses, sous l'autorité du curé, étaient chargés d'instruire les enfants.
Nous avons recueilli l'acte suivant date du 8 juillet 1691. Acte par lequel les procureurs, syndic, manants et habitants de la paroisse représentant la plus saine partie de leur communauté déclarent; qu'après les remontrances à eux faites par M. le curé sur les obligations des pères et mères à l'égard de leurs enfants et convaincus qu'une de leur principale occupation est de leur procurer une bonne éducation et de leur donner les moyens propres à les élever en la religion Chrétienne. Ils s'obligent à donner annuellement par chaque ménage sept sols, et les femmes veuves trois sols et demi, à un bon maître d'école qui fasse son possible pour réparer les ruines de ses devanciers et qui par son assiduité et son application à faire son devoir puisse leur donner la consolation qu'ils doivent espérer d'une personne destinée à leur rendre service, sans préjudice à son droit d'écolage qui est de trois sols tous les mois pour chaque enfant qui apprend à lire et de cinq sols pour ceux qui écrivent. Marie Leclerc qui fut longtemps supérieure à l'hôtel-Dieu faisait en même temps l'école aux fillettes. Aimée Hanier tenait le même emploi en 1764. Le 22 Thermidor an XII, une école fut établie au presbytère. En 1825, la rétribution scolaire mensuelle était de 0,30 f pour ceux qui apprenaient l'alphabet, 0,40 f pour ceux qui commençaient à assembler, 0,50 f pour ceux qui lisaient dans le français, 0,60 f et 0,70 f pour l'écriture et le calcul. L'instituteur touchait en outre dix livres de blé et 1 f par ménage et demi-ménage chaque année et les cultivateurs lui en donnaient quarante livres. Le nombre des élèves variait de 40 à 50. Le traitement fixe s'éleva progressivement de 300 à 700 f et 1100 f, par an avec un supplément.
Les lois Guizot et Jules Ferry organisèrent l'enseignement à Vendeuil comme dans toutes les autres communes de France. Les écoles se trouvaient avant la guerre de 14-18 sur la grand'place, attenantes à la Mairie.
Un don important de M. Carette, fait alors qu'il était Maire de Vendeuil, a permis d'édifier un beau groupe scolaire dans une propriété lui appartenant. Cet édifice s'élève sur le versant opposé à celui ou se trouvent l'église et la Mairie.
Il comprend quatre classes largement éclairées, des cours spacieuses, une salle des fêtes et on y accède par un magistral escalier qui a été endommagé en mai 1940 par un obus. Il a été réparé en 1960. Une cinquième classe en 1955, puis une sixième en 1961 ont été construites dans la cour des filles.
Document mis à jour le 24/11/2024